Savant cocktail de littérature et de fête, le Prix de Flore a soufflé ses 30 bougies le 7 novembre 2024 avec toujours la même volonté ; célébrer les jeunes écrivains les plus prometteurs, les plus inspirants, les plus irrévérencieux.
Nous sommes en 1994. Carole Chrétiennot, fille des propriétaires du Flore et passionnée de littérature, plonge dans l’histoire de ce lieu unique, au cœur de Saint-Germain-des-Prés et refuge, depuis toujours, de l’avant-garde littéraire. Pour célébrer cette tradition, elle s’inspire de Prévert et sa bande, le groupe Octobre. Elle choisit alors de se rapprocher de l’un de ses grands amis, l’écrivain Frédéric Beigbeder. Tous deux imaginent alors un prix totalement inédit. Face aux prestigieux Goncourt, Renaudot ou Médicis qui consacrent le plus souvent des auteurs déjà établis, le Prix de Flore se veut précurseur. Sa mission ? Repérer et mettre en lumière les jeunes talents les plus prometteurs, ceux qui bousculent et pensent la littérature de demain.
Tout comme leurs aînés du groupe Octobre, le jury du Prix de Flore affiche une apparente désinvolture pour mieux cacher son absolu sérieux et engagement.
Les critères de sélection du prix n’ont pas varié depuis trente ans et font, aujourd’hui comme hier, sa singularité et son succès jamais démenti. L’originalité, la modernité, la liberté, l’audace voire l’insolence, et toujours la qualité littéraire.
Si le Prix de Flore a créé en son temps un véritable hold-up littéraire, il a aussi inventé LA fête littéraire, cocktail explosif de lettres, de musique, d’esprits artistiques variés … On ne se cache plus dans les caves pour écouter du jazz, on place la musique live au centre du Flore !! Le souffle de liberté germanopratin renaît au 172 Bld Saint-Germain !
Ce prix s’inscrit ainsi au plus près de l’histoire du Flore, rendant hommage aux écrivains aussi talentueux qu’irrévérencieux qui en ont fait leur QG. Apollinaire y invente le mot surréalisme avec Breton et Aragon, tout comme Queneau mis à la porte des Deux Magots voisin après une soirée très bruyante, et très alcoolisée. Simone de Beauvoir et Marguerite Duras viennent en voisines, tout comme Françoise Sagan, grande inspiratrice et marraine du prix. Au premier étage, l’auteur de Bonjour Tristesse irradie au centre d’une immense photographie noir et blanc prise le soir de la remise du prix 1994 ; mélange unique de sérieux et de désinvolture qui fait aussi la signature de cette récompense.
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Autour d’elle, un jury d’écrivains dont beaucoup sont toujours là après trente ans de coup de gueule, de passions, et de formidables intuitions. « Des délibérations très rock & roll » confirme Carole Chrétiennot, qui ont salué en leur temps de quasi inconnus. Vincent Ravalec en 1994 pour Cantique de la Racaille, Michel Houellebecq en 1996 (15 ans avant le Prix Goncourt !) à l’unanimité du jury pour Le Sens du Combat ; Virginie Despentes en 1998 pour Les Jolies Choses ; Philippe Jaenada en 1997 pour le Chameau sauvage ; Abel Quentin en 2021 pour le Voyant d’Étampes. Le Prix de Flore 2024 a été décerné à Benjamin Stock pour son roman Marc. La liste est bien plus longue encore. Y figure une grande part des auteurs qui font aujourd’hui la vitalité et le prestige du paysage littéraire français.Autour de Frédéric Beigbeder, le jury réunit Jacques Braunsteinn, Manuel Carcassonne, Carole Chrétiennot, Michèle Fitoussi, François Reynaert, Jean Pierre Saccani, Bertrand de Saint-Vincent, Christophe Tison, Philippe Vandel, Jean-René Van der Plaetsen et Arnaud Viviant.
« En me plongeant dans les archives et les photos d’époque, je me suis prise de passion pour Prévert et sa bande, Desnos, Leiris, Sartre et Beauvoir, Duras et Françoise Sagan, ma grande inspiratrice. L’idée de ce prix était là, sous mes yeux. » Carole Chrétiennot.
« Ce prix n’était possible dans aucun autre endroit, dans aucune autre ville d’aucun autre pays du monde. Cet événement-là est un miracle, et devant tous les miracles, il faut s’incliner avec humilité. » Frédéric Beigbeder